Hyperphagie
L’hyperphagie, c’est quoi ?
On peut parler d’hyperphagie boulimique lorsqu’elle se caractérise par l’absorption, en un temps très court, d’une grande quantité d’aliments. Elle provoque donc une sensation de trop plein, avec une distension abdominale. Il peut s’agir de crises d’hyperphagie au cours de la journée, ou alors d’hyperphagie pendant le repas (hyperphagie prandiale) ou après le repas (hyperphagie post-prandiale).
Contrairement à la boulimie, il n’y a pas vomissement ou de volonté de contrôler son poids. C’est pourquoi les personnes hyperphages sont souvent en surpoids.
La prise alimentaire est suivie d’un sentiment de honte et de culpabilité, encore amplifié dans la mesure où le patient souffre souvent de surcharge pondérale ou d’obésité.
La prise de poids renforce malheureusement la compulsion alimentaire car plus la personne se déprécie, plus elle cherchera du réconfort dans la nourriture.
Les personnes souffrant d’hyperphagie ont souvent honte de leurs habitudes alimentaires et essaient alors de manger en secret.
Voici les symptômes significatifs:
- repas adaptés en société mais ingestion de grandes quantités de nourriture lorsque l’on est seul
- impossibilité de s’arrêter de manger même quand on se sent repu
- dissimulation de stocks de nourriture pour manger en cachette
- prise alimentaire continue pendant la journée sans planifier de repas
- surpoids voire obésité
L’hyperphagie, pourquoi?
Comme dans l’anorexie et la boulimie, l’alimentation fait l’objet d’une stratégie pour gérer ses états émotionnels et faire face au stress. Le sujet devient dépendant et ne sait plus refuser la nourriture. Souvent les crises d’hyperphagie sont déclenchées par une humeur dépressive ou anxieuse mais pas également survenir lorsque la personne se sent seule et qu’elle s’ennuie.
Les professionnels de santé identifient trois causes de l’hyperphagie:
- biologique: l’hypothalamus (zone du cerveau qui contrôle le sentiment de satiété) pourrait ne pas envoyer de message clair concernant la faim et le plaisir. Un niveau de sérotonine (hormone) bas jouerait également un rôle dans l’alimentation compulsive
- psychologique: la dépression et l’hyperphagie sont fortement liées. En effet, près de la moitié des hyperphages souffriraient de dépression ou en développeraient par la suite. La faible estime de soi, l’insatisfaction corporelle et la solitude sont également des facteurs favorisants.
- sociales et culturelles: un traumatisme relationnel, la pression sociale autour de la minceur peuvent déclencher un sentiment de honte et ainsi créer un besoin de l’alimentation comme un refuge. Ainsi, les enfants confrontés à des remarques physiques ou les personnes ayant été victimes d’abus sexuels seront davantage vulnérables.
L’hyperphagie, quel traitement?
Comme dans les autres troubles du comportement alimentaire, l’hyperphagie se soigne par une approche collaborative entre différents professionnels de santé. Un aide de nutritionniste connaissant les TCA (troubles du comportement alimentaire ) devrait aider à lutter contre les idées fausses que se font les personnes souffrant d’hyperphagie sur l’équilibre alimentaire : en général ils auraient tendance à se mettre trop en restriction, ce qui ne peut qu’amplifier les crises hyperphagiques.
Une démarche psychothérapique est hautement souhaitable, qui selon le patient pourra s’effectuer seul ou en groupe, et utiliser différentes approches : thérapies comportementales et cognitives (TCC), EMDR, approches psycho-corporelles etc… Un travail sur le rapport aux émotions et un développement de l’affirmation de soi sont souvent des points clefs de la prise en charge de l’hyperphagie.